Auguste Rodin

« I can’t take it anymore, I can’t go a day without seeing you. Otherwise the atrocious madness […] All my soul belongs to you […] may my heart still feel your divine love spreading again. »(Letter from Auguste Rodin to Camille Claudel)

Auguste Rodin

« I regret nothing. Nor the outcome which seems funereal to me, my life will have fallen into an abyss. But my soul had its flowering, alas late. I had to know you and everything took on an unknown life, my dull existence blazed in a bonfire. Thank you because it is to you that I owe all the share of heaven that I have had in my life. » (Letter from Auguste Rodin to Camille Claudel)

Auguste Rodin

« … sois assurée que je n’ai aucune femme en amitié, et que toute mon âme t’appartient…
Je suis déjà mort et je ne comprends plus le mal que je me suis donné pour des choses qui me sont si indifférentes maintenant…
Toi qui me donnes des jouissances si élevées, si ardentes, près de toi, mon âme existe avec force et, dans sa fureur d’amour…
Il a fallu que je te connaisse et tout a pris une vie inconnue, ma terne existence a flambé dans un feu de joie…
Merci car c’est à toi que je dois toute la part de ciel que j’ai eue dans ma vie… » (Lettre d’Auguste Rodin à Camille Claudel)

Auguste Rodin (1840-1917) et la danse

Source pour le texte 

« Animé d’une curiosité insatiable qui le poussa tout au long de sa vie à élargir la vision de son art, Auguste Rodin ne pouvait qu’être amené un jour à s’intéresser à la danse qui, de par sa nature même, s’offrait à lui comme un véritable écho de son propre travail de recherche sur l’expression corporelle et les possibilités plastiques du corps humain.

Mais contrairement à un artiste comme Degas son intérêt ne se porta pas vers les ballets qu’il trouvait « trop sautillants, trop brisés ». Il leur préféra des créations novatrices comme celles de Loïe Fuller ou Isadora Duncan dont l’idée était de renouer avec les sources antiques de la danse en redonnant toute sa liberté au corps. Vaslav Nijinsky, qu’il appréciait particulièrement, lui accorda également quelques séances de pose en remerciement de son soutien après la polémique engendrée par son dernier ballet l’Aprés Midi d’un Faune de Debussy. Et la correspondance intéressante qu’il entretenait avec beaucoup de danseurs ainsi que le certain nombre de spectacles et de démonstrations dont il fut l’organisateur dans les jardins de l’Hôtel Biron (aujourd’hui Musée Rodin) témoignent de la place importante que prit cet art  dans sa vie.

Auguste Rodin. Isadora Duncan

Auguste Rodin. Isadora Duncan

Bien qu’il ait réalisé de nombreuses sculptures de Nijinsky ou encore de la danseuse japonaise Hanako qui fut l’un de ses modèles favoris, la danse ne s’exprima bien pour lui que dans le dessin et l’esquisse. Car Rodin qui n’a jamais abandonné le dessin (c’est lui qui en 1887 illustra l’édition originale des Fleurs du Mal de Beaudelaire) y attachait en fait une très grande importance,

« Par lui l’oeuvre prend la puissance des choses naturelles, sans dessin pas de vérité » disait-il.

Auguste Rodin.  Hanako saluant 1907

Auguste Rodin. Hanako saluant 1907

Auguste Rodin. Hanako dansant  1907

Auguste Rodin. Hanako dansant 1907

Il ne faut donc pas s’étonner qu’il ait choisi ce support de prédilection pour traduire la danse dans tout ce qu’elle expose justement de vérité corporelle

Auguste Rodin. Danseuse. Aquarelle

Auguste Rodin. Danseuse. Aquarelle

Auguste Rodin. Danseuse acrobate 1910

Auguste Rodin. Danseuse acrobate 1910

Auguste Rodin. Une danseuse faisant le grand écart

Auguste Rodin. Une danseuse faisant le grand écart

Son goût particulier pour la danse exotique se révéla lors de l’exposition universelle de 1889 où il assista au spectacle d’une troupe javanaise et, pris d’enthousiasme, en réalisa sur le champ quelques esquisses. Et c’est l’exposition coloniale de Marseille, organisée en 1906 par Jules Charles Roux, président de la compagnie Générale Transatlantique et de l’Union Coloniale, qui lui fournit l’occasion de renouer avec cet engouement.
Entre le 15 Avril et le 18 Novembre 1906 se tint en effet à Marseille, porte de l’Orient, la toute première de ces manifestations. Nous sommes en pleine apogée de la France coloniale, et celle ci contrôle le Cambodge depuis 1884. A cette occasion le roi Sisowath Ier qui venait d’être couronné fut reçu solennellement par la France, accompagné par le Ballet Royal, 42 danseuses qui avaient fait le déplacement depuis Phnom Penh.

Lorsqu’il rencontre la troupe pour la première fois lors de son passage à Paris pour la représentation exceptionnelle au théâtre du Pré Catelan, Rodin enthousiasmé par la pureté et la grâce des expressions, eut un véritable coup de foudre pour l’esthétique de cet art que représente la danse classique khmère.

 « Je les ai contemplées en extase. Quel vide quand elles partirent, je fus dans l’ombre et le froid, je crus qu’elles emportaient la beauté du monde » dira-t-il plus tard.

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne bleue  1906-1907

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne bleue 1906-1907

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Cambodian dancer 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuses cambodgiennes 1906

Auguste Rodin. Danseuses cambodgiennes 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne  1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Subjugué, l’artiste demanda alors de rejoindre les interprètes dans l’hôtel particulier où elles résident afin de saisir quelques poses et entama immédiatement une première série de dessins …

Mais les danseuses étaient attendues et doivent regagner Marseille… Alors sans plus réfléchir Rodin quitte tout pour les suivre…  Il semblerait même qu’il soit parti si précipitamment qu’il ait oublié son matériel à dessin et dut demander à un épicier du papier d’emballage pour pouvoir fixer ses impressions…

 « Elles ont fait vivre pour moi l’Antique… Elles m’ont fourni des raisons nouvelles de penser que la nature est une source intarissable à qui s’y abreuve… Je suis un homme qui a donné toute sa vie à l’étude de la nature et dont les admirations constantes furent pour les oeuvres de l’Antique: Imaginez donc ce que put produire en moi un spectacle aussi complet qui me restituait l’Antique en me dévoilant du mystère… Ces danseuses khmères nous ont donné tout ce que l’Antique peut contenir car il est impossible de porter l’art divin aussi haut ».

 Rodin retrouvait ici la pureté et l’universelle beauté qu’il avait découverte dans l’étude des Grecs et fut saisi et captivé par la spiritualité de cet art millénaire où les Apsaras, danseuses célestes, sont les messagères des rois auprès des dieux et des ancêtres.
En une semaine il exécuta environ 150 dessins, retranscrivant ou interprétant les poses du ballet avec une fascination évidente pour les bras et les mains, dessins qu’il aquarella par la suite dans des harmonies d’un rare raffinement.

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuses cambodgiennes 1906

Auguste Rodin. Danseuses cambodgiennes 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Très attaché à la série des danseuses cambodgiennes, l’artiste ne vendit que très peu de ses œuvres, en donna quelques unes, et surtout en exposa beaucoup, preuve de son attachement au travail graphique et à la pure beauté que celui-ci révèle,

 « C’est la peinture, la sculpture, la musique tout entières qui s’animent »…

Quelle plus belle définition pouvait donner de la danse celui qui par trois fois échoua au concours d’entrée des Beaux Arts car son travail ne correspondait pas aux conventions académiques et qui, précisément grâce à ce style impossible à inscrire dans un courant défini, atteint de son vivant la consécration internationale… »

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906

Auguste Rodin. Danseuse cambodgienne 1906