
Alexander Grinberg

Léon Spilliaert. Baigneuse accroupie 1910
Auguste Rodin. Isadora Duncan
Man Ray. Kiki de Montparnasse allongée. Etching
Auguste Rodin. Danseuse nue vers 1900
Jules De Bruycker est un peintre, aquafortiste, aquarelliste et dessinateur né à Gand dont le thème de prédilection est sa ville, et la vie quotidienne à Gand.
J’ai néanmoins choisi ici de vous présenter principalement une sélection de ses nus. Vous trouverez toutes ses œuvres sur son site: julesdebruycker.be
Jules Debruycker
BIOGRAPHIE: (source wikipédia)
Myrna Loy est née Myrna Adele Williams à Radersburg (Montana) (près d’Helena), fille d’Adelle Mae (née Johnson) et du rancher David Franklin Williams1,2. Son père la prénomma Myrna en référence au nom d’une gare qui lui plut. Il était banquier, promoteur immobilier et également un élu de l’État du Montana. Sa femme a étudié la musique à l’American Conservatory of Music de Chicago.
Après la mort de David Franklin Williams, la famille déménagea à Culver City. Myrna Williams fit ses études à Westlake School, une école pour filles et étudia la danse. Sa mère l’inscrivit ensuite à Venise High School. À l’âge de 15 ans, elle apparut sur scène dans des petites pièces locales3.
En 1921, elle posa pour la réalisation d’une statue sculptée par Harry Winebrenner pour orner l’entrée de l’école Venise High School. La statue a été vandalisée à plusieurs reprises. Elle fut reconstruite. Elle quitta l’école à l’âge de 18 ans pour aider financièrement sa famille.
Le photographe Henry Waxman la remarqua et en parla à Rudolph Valentino. Ce dernier envoya sa femme Natacha Rambova pour la tester. Elle obtint un rôle de figuration dans Pretty Ladies, aux côtés de Joan Crawford. Les deux femmes se lieront d’amitié4.
Elle figura dans What Price Beauty ? et en profita pour prendre un pseudonyme pour apparaître désormais sous le nom de Myrna Loy5. Elle obtint également un petit rôle dans Le Chanteur de jazz en 1927 qui est connu comme étant le premier film parlant de l’histoire du cinéma. De la période muette jusqu’au début du parlant, Myrna Loy sera confinée dans des rôles de vamps asiatiques comme Le Masque d’or ou encore Treize femmes, ainsi qu’à des rôles de femmes fatales comme The Animal Kingdom. D’autres films plus orientaux comme The Black Watch de John Ford en 1929.
Au début des années 1930, la carrière cinématographique de Myrna Loy fut prolifique. À noter Sous le ciel du Texas de Michael Curtiz, Arrowsmith de John Ford, Vol de nuit de Clarence Brown ou encore La Course de Broadway Bill de Frank Capra.
En 1934, Myrna Loy obtient un rôle conséquent dans [[L’Ennemi public no 1 (film, 1934)|L’Ennemi public no 1]], aux côtés de Clark Gable et William Powell. Le gangster John Dillinger, qui était un admirateur de Loy, fut abattu après avoir vu le film au Théâtre Biograph, à Chicago6. La même année elle fut encore opposée à Clark Gable dans Les Hommes en blanc. Un soir alors que l’acteur la raccompagnait chez elle en voiture, il essaya de l’embrasser alors que sa femme Ria était à proximité. Myrna Loy repoussa ses avances et refusa de céder à ses avances7.
À cette époque, Myrna Loy était un objet du désir de la part de quelques acteurs d’Hollywood. John Barrymore qui fut son partenaire dans Topaze courut après elle en vain8. Cas identique pour Clark Gable. Ce fut, ensuite, le tour de Leslie Howard dans The Animal Kingdom. Durant le tournage d’un film en 1933 Le Chant du Nil, elle se lia d’amitié avec Ramon Novarro. Leur entente était si parfaite en dehors du tournage que les tabloïds et les studios crurent qu’ils avaient une liaison, ce qui était improbable en raison de l’homosexualité de Novarro. La production mit tout en œuvre pour tenter d’unir les deux acteurs avant de renoncer face à leur protestation9. Dans la foulée, elle rencontra Titanic Thompson, joueur de golf professionnel et flambeur à la réputation sulfureuse et en fut séduite, sortant avec lui secrètement. Durant une courte période, Titanic Thompson eut une liaison torride avec Myrna Loy10.
Loy fut engagée dans le rôle de Nora Charles dans L’Introuvable – titre original The Thin Man, d’après un roman de Dashiell Hammett – toujours en 1934. Le réalisateur W. S. Van Dyke la retint après avoir remarqué en elle un sens de l’humour que ses films précédents n’avaient pas révélé. Lors d’une réception à Hollywood, il la poussa dans une piscine pour tester sa réaction et fut surpris de sa réaction plutôt joyeuse. Exactement les qualités nécessaires pour le rôle11. Le film fut un succès immense au box-office d’Hollywood, et fut nommé pour l’Oscar du meilleur film. La série des Thin Man donna lieu à cinq autres films avec les deux acteurs. La critique loua le talent de Myrna Loy dans le registre de la comédie. Elle et son partenaire William Powell formèrent un des couples les plus populaires à l’écran et apparurent ensemble dans quatorze films. Elle enchaîna ensuite avec La Course de Broadway Bill, toujours la même année, de Frank Capra. Dès lors, elle acquit une notoriété grâce à son statut d’épouse idéale de Hollywood. Dans la foulée, elle refusa un projet de Louis B. Mayer : New York-Miami aux côtés de Clark Gable12.
Durant l’année 1935, elle eut quelques conflits avec la MGM pour cause d’exigence salariale. Elle fit un séjour en Europe et revint pour ne tourner que deux films : Les Ailes dans l’ombre avec Cary Grant, film produit par Arthur Hornblow Jr, qu’elle épousera l’année suivante ; et On a volé les perles Koronoff, dont le tournage fut mouvementé pour elle. Le chef-opérateur tourna une scène où elle apparut sans maquillage, les cheveux hirsutes à cause du conflit précédent. Finalement, la scène fut coupée au montage13. Ensuite son partenaire Spencer Tracy – qui était tombé sous son charme – courut après elle en dehors du tournage14. Elle se montra hermétique avant de céder à ses avances. Toutefois, pour éviter un scandale, les amants cachèrent habilement la liaison qui fut sérieuse. Spencer Tracy était follement amoureux de Myrna Loy mais comme ce fut le cas avec Loretta Young, la liaison cessa à la fin du tournage15 16.
Elle retrouva le chemin du succès avec Le Grand Ziegfeld (1936), où elle excella dans le rôle de Billie Burke aux côtés de William Powell. Dans la foulée elle enchaîna avec Une femme qui tombe du ciel et Une fine mouche où la production mit en avant une affiche prestigieuse Myrna Loy-William Powell-Spencer Tracy-Jean Harlow. Un tournage estival et détendu, entre amis, qui lui permit de faire face, une fois de plus, à son partenaire fétiche William Powell et Jean Harlow. Spencer Tracy, toujours amoureux de l’actrice qui s’était mariée quelques semaines auparavant avec Arthur Hornblow Jr, courut après elle. L’actrice céda une nouvelle fois à ses avances. La liaison entre Spencer Tracy et Myrna Loy fut torride. Publiquement, les deux partenaires se raillaient pour ne pas attirer l’attention des tabloïds, à propos d’Arthur Hornblow qui avait épousé l’actrice quelques semaines auparavant, profitant aussi des lumières braquées sur l’autre couple Jean Harlow-William Powell. Arthur Hornblow Jr, qui fut l’objet de la raillerie de la part de Spencer Tracy, ignorait jusqu’au bout les infidélités de Myrna Loy17 18. Elle retrouva Clark Gable dans un drame historique (La Vie privée du tribun), un drame (Pilote d’essai) et deux comédies Un Envoyé très spécial et Sa femme et sa secrétaire. C’est dans ce registre qu’elle s’affirma davantage grâce à des films comme Mariage double, ou encore Man-Proof aux côtés de Rosalind Russell et Franchot Tone.
En parallèle, elle poursuivit la série des Thin Man avec William Powell : Nick, gentleman détective, Nick joue et gagne et Rendez-vous avec la mort. Elle n’oublia pas le registre dramatique avec La Mousson aux côtés de Tyrone Power.
Myrna Loy mit sa carrière entre parenthèses pour apporter sa contribution à l’effort de guerre, à l’instar d’un grand nombre des personnalités de Hollywood, et s’impliqua aux côtés de la Croix Rouge. Elle prit l’uniforme militaire et participa à la collecte de fonds pour soutenir des Navals Auxiliary Canteen, qui assuraient des moments de détente aux soldats éprouvés par la guerre. Elle participa également à la mise en place de programmes de divertissement au sein des hôpitaux militaires américains. Entretemps, elle divorça d’Arthur Hornblow Jr, en 1942, après six ans de vie commune (Son union battait de l’aile. Le couple était séparé depuis quelques années) et épousa dans la foulée John Hertz avec qui elle eut des problèmes conséquents. Elle divorça en 194419.
En 1944, elle fit son retour au cinéma avec L’introuvable rentre chez lui et jouera deux ans plus tard aux côtés de Fredric March dans le mythique Les Plus Belles Années de notre vie où elle interpréta le rôle de l’épouse d’un militaire qui doit se réadapter à la vie civile après la guerre. En 1946, elle épousa Le scénariste-producteur Gene Markey. Une union qui aboutira à un nouveau divorce en 1949. En 1947, elle apparaît pour la dernière fois aux côtés de William Powell dans Meurtre en musique qui sera le dernier volet de la série des Thin man. Elle joua dans deux comédies : Deux sœurs vivaient en paix avec Cary Grant et Shirley Temple, Un million clé en main, toujours avec Cary Grant, et un western avec Robert Mitchum : Le Poney rouge.
Sa carrière cinématographique se fit plus rare, espacée par son engagement politique et par des prestations théâtrales et télévisuelles. À noter un quatrième mariage en 1951 avec un membre de l’UNESCO, Howland H. Sergeant, qui aboutit à un nouveau divorce en 1959. Parmi ses quelques films, deux comédies : Treize à la douzaine avec Clifton Webb et Six filles cherchent un mari, puis un drame Cœurs brisés (Lonelyhearts) avec Montgomery Clift. Just Tell Me What You Want réalisé en 1980 par Sidney Lumet fut son dernier film. En 1987, elle publia son autobiographie Myrna Loy, Being and Becoming avant de recevoir en 1991, un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Le 14 décembre 1993, elle meurt pendant une opération de chirurgie. Elle fut incinérée et ses cendres reposent au cimetière Forestvale, à Helena, Montana…
Mucha began to take photographs in the early 1880s, probably in Vienna, with a borrowed camera. It was not until he had gained some recognition in Paris and sufficient funds that he purchased his first camera. Mucha’s photographic output grew dramatically after his move to a large studio in the rue du Val de Grâce in 1896. In the new studio, where he had considerably more light thanks to large windows and a glass ceiling, he photographed on a virtually daily basis.
Between 1896 and the early 1900s Mucha made a remarkable series of photographs of the models posing for him. The use of photography as an inexpensive medium for preliminary studies was common among Mucha’s Parisian contemporaries. However, Mucha’s photographs are more than just an alternative to sketches because they also capture the inimitable atmosphere of Mucha’s studio – a world of art in its own right. It was in his studio that that Mucha entertained countless Parisian artists, writers and musicians. It was also the setting for one of the earliest cinematic projections given by the Lumière brothers, whom Mucha had met in 1895, and for psychic experiments with Camille Flammarion and Albert de Rochas. In the background of the studies of models, examples of Mucha’s work may be seen, surrounded by his collection of objets d’art, books and furniture, many of which survive to this day.
The majority of Mucha’s Parisian photographs were not taken for a specific project – he preferred to improvise a number of poses in front of the camera, creating an archive of variants from which he could select what he considered most suitable for the subject of each new commission. However, some photographs were obviously directed, with his friends and models posing as characters for book illustration. Later this practice grew into a part of his experimentation with his models to express his philosophical ideas through theatrical poses and gestures.
Mucha’s theatrical approach culminated in his preparatory work for the Slav Epic canvases. Before working on each canvas Mucha produced numerous staged photographs documenting costumed models posing under his ‘theatre’ directions. From these photographs he selected appropriate images and synthesised them to create a complicated historical event on a single canvas. Although the images were intended as studies for his final paintings, Mucha’s approach to image-making has much in common with filmmaking
(source texte: muchafoundation)
Alphonse Marie Mucha. Model reclining on the couch in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1899
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Berthe de Lalande, Mucha’s mistress, in Mucha’s studio, Rue du Val de Grâce, Paris 1896
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Paul Gauguin playing Mucha’s harmonium in his studio, Rue de la Grande Chaumière, Paris 1893-1894
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Mother and child, Prague, study for the poster Russia restituenda 1922
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Maruska posing as russian peasant woman for Woman in the wilderness 1923
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Models posing as struggling figures for The introduction of the slavonic liturgy 1911-1912
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Model posing in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1902-1903
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Ballet study, model dancing nude in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1901
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Model posing in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1899-1900
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Self-portrait in his studio, Rue de la Grande Chaumière 1892
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Ballet study, model dancing nude in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1901
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Ballet study, model dancing nude in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1901
Via muchafoundation
Ce photographe anonyme a laissé plus de cinq mille clichés des années folles. Autour d’une passion: les femmes et leur sexe. Les Origines du monde selon Monsieur X.
En 1976, un octogénaire pousse la porte d’une librairie spécialisée dans le livre ancien et les curiosa: en vitrine, il a vu des photos anciennes un peu corsées. Le vieux monsieur possède une série de clichés osés et, semaine après semaine, Monsieur X (le libraire l’a baptisé ainsi puisqu’il n’ a jamais pu l’identifier) apporte des caisses de photos, la plupart en 18×24, d’autres en 6×13, certaines en stéréoscopie. Dans le petit cénacle de la photo érotique, c’est une révolution: personne ne connaissait ces photos, vite identifiables grâce aux obsessions précises de Monsieur X. Les éro-collectionneurs savent le jour où passe Monsieur X, ils se précipitent le lendemain pour racheter ses clichés au libraire. Depuis, Monsieur X est devenu une valeur identifiée de la photo érotique ancienne.
Il y a quatre, cinq ans, probablement après sa mort, un autre libraire a récupéré près de 5 000 contacts, qu’Alexandre Dupouy, de la galerie Les Larmes d’Eros, a identifiés comme ceux de Monsieur X. Celui-ci y apparaît, plutôt bel homme, aux côtés d’une fille nue dans une glace. Un autre homme est présent, un ami qui a tout du tenancier de bordel. Derrière les planches contact, quarante-neuf prénoms, à réciter comme un poème surréaliste: «Andrée, Angèle, Babette, Cécile, Charlotte, Christiane, Colette, Denise, Didich, Etiennette, Fanfan, Gaby»… jusqu’à «Yasmina, Yvonne et Zita». Sur ses tirages, Monsieur X a gratté le numéro de plaque minéralogique de sa voiture. Dupouy l’a retrouvé sur ses contacts, il aurait pu ainsi l’identifier mais il a préfèré respecter l’anonymat du bonhomme.
Sa galerie présente aujourd’hui près de trois cents clichés de Monsieur X, ainsi qu’une monographie. «Il tirait lui-même ses photos mais c’était un médiocre laborantin». L’obsession de Monsieur X, c’est le tableau de Courbet, l’Origine du monde. Monsieur X est fou du sexe de la femme, et des femmes qui, pour lui plaire, exhibent leur sexe devant son objectif (même si elles gardent leur chapeau cloche). Sa posture préférée: une ou deux femmes en exhibant une autre…
Ses modèles, à l’évidence, étaient pensionnaires dans une maison close. Sont-elles si heureuses ou est-ce le sourire de l’esclave dansant dans son champ de coton? Sur les photos, elles rigolent; c’est charmant, littéralement. A l’occasion, un regard se fait plus triste, comme une fissure dans ce bonheur louche. Parfois Monsieur X et son ami le tenancier présumé les emmènent à la campagne, ça vous prend des allures de Maison Tellier. Et en avant, jarretières en bataille dans la nature.
Monsieur X est aussi un amoureux de la photographie, à l’ère Brassai. Monsieur X soigne ses cadrages et laisse quelques nus académiques. Telle femme, les yeux fermés, un sein dévoilé, la camisole relevée sur son Origine du monde, le bas roulé juste en dessous du genou, s’inscrit d’emblée dans le plus bel imaginaire surréaliste. Une belle photo, c’est aussi la qualité, l’intensité de la relation entre le photographe et ses modèles. Les prostituées ont trop souvent été victimes d’artistes qui les tiraient comme au safari. L’obsédé Monsieur X reste un photographe de la proximité, un proche.
(Source du texte: liberation.fr/, mai 1996. Hélène Hazera)
Monsieur X. Nus et polissonneries 1930 Via mutualart
Surnommé « Le pirate » par ses proches, enrobé depuis son décès en mars 1999 d’un parfum sulfureux, Leo Dohmen est une figure légendaire du surréalisme en Belgique et du milieu artistique anversois de l’après guerre.
Ingénieur et chimiste le jour, tenancier de bar clandestin la nuit, colporteur d’ouvrages et d’œuvres du surréalisme belge à Paris, collagiste et photographe inculpé pour pornographie, marchand d’art puis galeriste, il y avait là assez d’ingrédients pour faire de Leo Dohmen un personnage de roman, de ceux que l’on croise dans les pages de Cendrars, de Monfreid, ou de Kessel, avec sa silhouette épaisse, rentrant au petit matin, un colt serré sous la veste.
Il semble que Leo Dohmen eut cent vie tant l’on se perd en sa chronologie qui le voit multiplier les activités, les voyages, les rencontres, se jouant du sommeil, des bons usages, croisant sur sa route les personnages les plus divers, des plus recommandables aux plus redoutables, figures incertaines d’une vie tendue vers toujours plus de liberté, toujours plus d’argent, celle-ci aidant à atteindre celle-là.
C’est pourtant le surréalisme qui trace la voie à ce jeune ingénieur de chez Gevaert à Anvers: le poète et mathématicien Gilbert Senecaut, ami de longue date de Marcel Mariën et collaborateur épisodique de la revue « Les lèvres nues » les présente l’un à l’autre en 1954. C’est le début d’une longue amitié, frappée d’estime réciproque, les deux hommes se complétant opportunément: Leo Dohmen devient l’homme de main, le messager, l’audacieux complice du timide et renfermé Marcel Mariën, lequel sert de mentor en politique, en littérature et en art à son jeune disciple qui dans le culot surpasse parfois le maître; on le verra en 1959 photographe de plateau dans « L’imitation du cinéma » de Marcel Mariën, mais aussi par des voies illégales – le détournement des gains d’un jeu publicitaires – » le producteur associé » de ce film qui connut censure et interdiction; on le verra encore complice du tract « Grande baisse » de Marcel Mariën ironisant en 1962 sur la réussite de René Magritte – il confectionne le photomontage du billet de banque – et sera pendant l’exil américain et la parenthèse maoïste le dépositaire de nombreuses archives et de bien des secrets.
C’est de l’époque de cette rencontre que datent ses premiers collages – parfois reproduits photographiquement en plusieurs exemplaires – qu’il délaissera naturellement pour le photomontage, puis la photographie où il privilégiera les idées-chocs, telle « L’ambitieuse » (1958) à la toison bien aimée, ou la sensuelle « L’ébéniste » (1955), au corps strié comme les veines du bois, sans pour autant délaissé les possibilités de la manipulation, tel le photomontage (La chute, 1956) ou la solarisation (Traité de sensations, 1955).
Dans sa pratique de la photographie, Leo Dohmen conserve la radicalité de l’expérience du collage et de son procédé: opposition brutes et violentes entre les éléments réunis, dédain du contexte et de l’esthétisme, goût pour les représentations de sexe féminin, de bouches entrouvertes, tout un art du scabreux qui en fait plutôt qu’un praticien de la photographie, un dynamiteur qui, pour citer son biographe Jan Ceuleers, « opère toujours avec le même objectif: miner un monde dans lequel la culture n’est pas la seule à être établie sur l’absence de liberté ».
Pas plus qu’il n’entendit révolutionner l’art du collage, Leo Dohmen n’entendit bouleverser celui de la photographie, se préoccupant peu des interrogations de Man Ray – un photographe qu’il appréciait te rencontra – quant au statut de celle-ci. Ses idées matérialisées en des techniques très diverses – il se remit à assembler vers 1986 – te la facilité déconcertante avce laquelle il délaissa la photographie après son inculpation pour pornographie montrent assez combien « Le Pirate » entendait privilégier la fin plutôt que les moyens, conscient depuis l’enfance que ce monde est doté d’un début, d’une fin, et que l’intervalle n’est décidemment pas très tentant si l’on ne l’organise pas soi-même plutôt que de le laisser aux curés, aux flics, aux directeurs de conscience.
Dans la grande famille des surréalistes ayant usé de la photographie, Leo Dohmen est assurément l’un de ceux que l’on pourrait -à l’égal de Marcel Mariën _ traiter de Judas tant les préoccupations et les usages liés au commun de cette technique lui furent étrangers. Il n’en laissa pas moins parmi les plus beaux blasons de la photographie surréaliste, quelques unes de ces icônes qui ont ajouté un peu de sens au monde.
Source du texte: Xavier Canonne (Directeur Musée de la Photographie de Charleroi)
Source des photos: leodohmen.com