
Egon Schiele

Auguste Rodin. Isadora Duncan
Man Ray. Kiki de Montparnasse allongée. Etching
Auguste Rodin. Danseuse nue vers 1900
Jules De Bruycker est un peintre, aquafortiste, aquarelliste et dessinateur né à Gand dont le thème de prédilection est sa ville, et la vie quotidienne à Gand.
J’ai néanmoins choisi ici de vous présenter principalement une sélection de ses nus. Vous trouverez toutes ses œuvres sur son site: julesdebruycker.be
Jules Debruycker
BIOGRAPHIE: (source wikipédia)
Myrna Loy est née Myrna Adele Williams à Radersburg (Montana) (près d’Helena), fille d’Adelle Mae (née Johnson) et du rancher David Franklin Williams1,2. Son père la prénomma Myrna en référence au nom d’une gare qui lui plut. Il était banquier, promoteur immobilier et également un élu de l’État du Montana. Sa femme a étudié la musique à l’American Conservatory of Music de Chicago.
Après la mort de David Franklin Williams, la famille déménagea à Culver City. Myrna Williams fit ses études à Westlake School, une école pour filles et étudia la danse. Sa mère l’inscrivit ensuite à Venise High School. À l’âge de 15 ans, elle apparut sur scène dans des petites pièces locales3.
En 1921, elle posa pour la réalisation d’une statue sculptée par Harry Winebrenner pour orner l’entrée de l’école Venise High School. La statue a été vandalisée à plusieurs reprises. Elle fut reconstruite. Elle quitta l’école à l’âge de 18 ans pour aider financièrement sa famille.
Le photographe Henry Waxman la remarqua et en parla à Rudolph Valentino. Ce dernier envoya sa femme Natacha Rambova pour la tester. Elle obtint un rôle de figuration dans Pretty Ladies, aux côtés de Joan Crawford. Les deux femmes se lieront d’amitié4.
Elle figura dans What Price Beauty ? et en profita pour prendre un pseudonyme pour apparaître désormais sous le nom de Myrna Loy5. Elle obtint également un petit rôle dans Le Chanteur de jazz en 1927 qui est connu comme étant le premier film parlant de l’histoire du cinéma. De la période muette jusqu’au début du parlant, Myrna Loy sera confinée dans des rôles de vamps asiatiques comme Le Masque d’or ou encore Treize femmes, ainsi qu’à des rôles de femmes fatales comme The Animal Kingdom. D’autres films plus orientaux comme The Black Watch de John Ford en 1929.
Au début des années 1930, la carrière cinématographique de Myrna Loy fut prolifique. À noter Sous le ciel du Texas de Michael Curtiz, Arrowsmith de John Ford, Vol de nuit de Clarence Brown ou encore La Course de Broadway Bill de Frank Capra.
En 1934, Myrna Loy obtient un rôle conséquent dans [[L’Ennemi public no 1 (film, 1934)|L’Ennemi public no 1]], aux côtés de Clark Gable et William Powell. Le gangster John Dillinger, qui était un admirateur de Loy, fut abattu après avoir vu le film au Théâtre Biograph, à Chicago6. La même année elle fut encore opposée à Clark Gable dans Les Hommes en blanc. Un soir alors que l’acteur la raccompagnait chez elle en voiture, il essaya de l’embrasser alors que sa femme Ria était à proximité. Myrna Loy repoussa ses avances et refusa de céder à ses avances7.
À cette époque, Myrna Loy était un objet du désir de la part de quelques acteurs d’Hollywood. John Barrymore qui fut son partenaire dans Topaze courut après elle en vain8. Cas identique pour Clark Gable. Ce fut, ensuite, le tour de Leslie Howard dans The Animal Kingdom. Durant le tournage d’un film en 1933 Le Chant du Nil, elle se lia d’amitié avec Ramon Novarro. Leur entente était si parfaite en dehors du tournage que les tabloïds et les studios crurent qu’ils avaient une liaison, ce qui était improbable en raison de l’homosexualité de Novarro. La production mit tout en œuvre pour tenter d’unir les deux acteurs avant de renoncer face à leur protestation9. Dans la foulée, elle rencontra Titanic Thompson, joueur de golf professionnel et flambeur à la réputation sulfureuse et en fut séduite, sortant avec lui secrètement. Durant une courte période, Titanic Thompson eut une liaison torride avec Myrna Loy10.
Loy fut engagée dans le rôle de Nora Charles dans L’Introuvable – titre original The Thin Man, d’après un roman de Dashiell Hammett – toujours en 1934. Le réalisateur W. S. Van Dyke la retint après avoir remarqué en elle un sens de l’humour que ses films précédents n’avaient pas révélé. Lors d’une réception à Hollywood, il la poussa dans une piscine pour tester sa réaction et fut surpris de sa réaction plutôt joyeuse. Exactement les qualités nécessaires pour le rôle11. Le film fut un succès immense au box-office d’Hollywood, et fut nommé pour l’Oscar du meilleur film. La série des Thin Man donna lieu à cinq autres films avec les deux acteurs. La critique loua le talent de Myrna Loy dans le registre de la comédie. Elle et son partenaire William Powell formèrent un des couples les plus populaires à l’écran et apparurent ensemble dans quatorze films. Elle enchaîna ensuite avec La Course de Broadway Bill, toujours la même année, de Frank Capra. Dès lors, elle acquit une notoriété grâce à son statut d’épouse idéale de Hollywood. Dans la foulée, elle refusa un projet de Louis B. Mayer : New York-Miami aux côtés de Clark Gable12.
Durant l’année 1935, elle eut quelques conflits avec la MGM pour cause d’exigence salariale. Elle fit un séjour en Europe et revint pour ne tourner que deux films : Les Ailes dans l’ombre avec Cary Grant, film produit par Arthur Hornblow Jr, qu’elle épousera l’année suivante ; et On a volé les perles Koronoff, dont le tournage fut mouvementé pour elle. Le chef-opérateur tourna une scène où elle apparut sans maquillage, les cheveux hirsutes à cause du conflit précédent. Finalement, la scène fut coupée au montage13. Ensuite son partenaire Spencer Tracy – qui était tombé sous son charme – courut après elle en dehors du tournage14. Elle se montra hermétique avant de céder à ses avances. Toutefois, pour éviter un scandale, les amants cachèrent habilement la liaison qui fut sérieuse. Spencer Tracy était follement amoureux de Myrna Loy mais comme ce fut le cas avec Loretta Young, la liaison cessa à la fin du tournage15 16.
Elle retrouva le chemin du succès avec Le Grand Ziegfeld (1936), où elle excella dans le rôle de Billie Burke aux côtés de William Powell. Dans la foulée elle enchaîna avec Une femme qui tombe du ciel et Une fine mouche où la production mit en avant une affiche prestigieuse Myrna Loy-William Powell-Spencer Tracy-Jean Harlow. Un tournage estival et détendu, entre amis, qui lui permit de faire face, une fois de plus, à son partenaire fétiche William Powell et Jean Harlow. Spencer Tracy, toujours amoureux de l’actrice qui s’était mariée quelques semaines auparavant avec Arthur Hornblow Jr, courut après elle. L’actrice céda une nouvelle fois à ses avances. La liaison entre Spencer Tracy et Myrna Loy fut torride. Publiquement, les deux partenaires se raillaient pour ne pas attirer l’attention des tabloïds, à propos d’Arthur Hornblow qui avait épousé l’actrice quelques semaines auparavant, profitant aussi des lumières braquées sur l’autre couple Jean Harlow-William Powell. Arthur Hornblow Jr, qui fut l’objet de la raillerie de la part de Spencer Tracy, ignorait jusqu’au bout les infidélités de Myrna Loy17 18. Elle retrouva Clark Gable dans un drame historique (La Vie privée du tribun), un drame (Pilote d’essai) et deux comédies Un Envoyé très spécial et Sa femme et sa secrétaire. C’est dans ce registre qu’elle s’affirma davantage grâce à des films comme Mariage double, ou encore Man-Proof aux côtés de Rosalind Russell et Franchot Tone.
En parallèle, elle poursuivit la série des Thin Man avec William Powell : Nick, gentleman détective, Nick joue et gagne et Rendez-vous avec la mort. Elle n’oublia pas le registre dramatique avec La Mousson aux côtés de Tyrone Power.
Myrna Loy mit sa carrière entre parenthèses pour apporter sa contribution à l’effort de guerre, à l’instar d’un grand nombre des personnalités de Hollywood, et s’impliqua aux côtés de la Croix Rouge. Elle prit l’uniforme militaire et participa à la collecte de fonds pour soutenir des Navals Auxiliary Canteen, qui assuraient des moments de détente aux soldats éprouvés par la guerre. Elle participa également à la mise en place de programmes de divertissement au sein des hôpitaux militaires américains. Entretemps, elle divorça d’Arthur Hornblow Jr, en 1942, après six ans de vie commune (Son union battait de l’aile. Le couple était séparé depuis quelques années) et épousa dans la foulée John Hertz avec qui elle eut des problèmes conséquents. Elle divorça en 194419.
En 1944, elle fit son retour au cinéma avec L’introuvable rentre chez lui et jouera deux ans plus tard aux côtés de Fredric March dans le mythique Les Plus Belles Années de notre vie où elle interpréta le rôle de l’épouse d’un militaire qui doit se réadapter à la vie civile après la guerre. En 1946, elle épousa Le scénariste-producteur Gene Markey. Une union qui aboutira à un nouveau divorce en 1949. En 1947, elle apparaît pour la dernière fois aux côtés de William Powell dans Meurtre en musique qui sera le dernier volet de la série des Thin man. Elle joua dans deux comédies : Deux sœurs vivaient en paix avec Cary Grant et Shirley Temple, Un million clé en main, toujours avec Cary Grant, et un western avec Robert Mitchum : Le Poney rouge.
Sa carrière cinématographique se fit plus rare, espacée par son engagement politique et par des prestations théâtrales et télévisuelles. À noter un quatrième mariage en 1951 avec un membre de l’UNESCO, Howland H. Sergeant, qui aboutit à un nouveau divorce en 1959. Parmi ses quelques films, deux comédies : Treize à la douzaine avec Clifton Webb et Six filles cherchent un mari, puis un drame Cœurs brisés (Lonelyhearts) avec Montgomery Clift. Just Tell Me What You Want réalisé en 1980 par Sidney Lumet fut son dernier film. En 1987, elle publia son autobiographie Myrna Loy, Being and Becoming avant de recevoir en 1991, un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Le 14 décembre 1993, elle meurt pendant une opération de chirurgie. Elle fut incinérée et ses cendres reposent au cimetière Forestvale, à Helena, Montana…
Mucha began to take photographs in the early 1880s, probably in Vienna, with a borrowed camera. It was not until he had gained some recognition in Paris and sufficient funds that he purchased his first camera. Mucha’s photographic output grew dramatically after his move to a large studio in the rue du Val de Grâce in 1896. In the new studio, where he had considerably more light thanks to large windows and a glass ceiling, he photographed on a virtually daily basis.
Between 1896 and the early 1900s Mucha made a remarkable series of photographs of the models posing for him. The use of photography as an inexpensive medium for preliminary studies was common among Mucha’s Parisian contemporaries. However, Mucha’s photographs are more than just an alternative to sketches because they also capture the inimitable atmosphere of Mucha’s studio – a world of art in its own right. It was in his studio that that Mucha entertained countless Parisian artists, writers and musicians. It was also the setting for one of the earliest cinematic projections given by the Lumière brothers, whom Mucha had met in 1895, and for psychic experiments with Camille Flammarion and Albert de Rochas. In the background of the studies of models, examples of Mucha’s work may be seen, surrounded by his collection of objets d’art, books and furniture, many of which survive to this day.
The majority of Mucha’s Parisian photographs were not taken for a specific project – he preferred to improvise a number of poses in front of the camera, creating an archive of variants from which he could select what he considered most suitable for the subject of each new commission. However, some photographs were obviously directed, with his friends and models posing as characters for book illustration. Later this practice grew into a part of his experimentation with his models to express his philosophical ideas through theatrical poses and gestures.
Mucha’s theatrical approach culminated in his preparatory work for the Slav Epic canvases. Before working on each canvas Mucha produced numerous staged photographs documenting costumed models posing under his ‘theatre’ directions. From these photographs he selected appropriate images and synthesised them to create a complicated historical event on a single canvas. Although the images were intended as studies for his final paintings, Mucha’s approach to image-making has much in common with filmmaking
(source texte: muchafoundation)
Alphonse Marie Mucha. Model reclining on the couch in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1899
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Berthe de Lalande, Mucha’s mistress, in Mucha’s studio, Rue du Val de Grâce, Paris 1896
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Paul Gauguin playing Mucha’s harmonium in his studio, Rue de la Grande Chaumière, Paris 1893-1894
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Mother and child, Prague, study for the poster Russia restituenda 1922
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Maruska posing as russian peasant woman for Woman in the wilderness 1923
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Models posing as struggling figures for The introduction of the slavonic liturgy 1911-1912
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Model posing in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1902-1903
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Ballet study, model dancing nude in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1901
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Model posing in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1899-1900
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Self-portrait in his studio, Rue de la Grande Chaumière 1892
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Ballet study, model dancing nude in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1901
Via muchafoundation
Alphonse Marie Mucha. Ballet study, model dancing nude in Mucha’s studio rue du Val de Grâce 1901
Via muchafoundation
Ce photographe anonyme a laissé plus de cinq mille clichés des années folles. Autour d’une passion: les femmes et leur sexe. Les Origines du monde selon Monsieur X.
En 1976, un octogénaire pousse la porte d’une librairie spécialisée dans le livre ancien et les curiosa: en vitrine, il a vu des photos anciennes un peu corsées. Le vieux monsieur possède une série de clichés osés et, semaine après semaine, Monsieur X (le libraire l’a baptisé ainsi puisqu’il n’ a jamais pu l’identifier) apporte des caisses de photos, la plupart en 18×24, d’autres en 6×13, certaines en stéréoscopie. Dans le petit cénacle de la photo érotique, c’est une révolution: personne ne connaissait ces photos, vite identifiables grâce aux obsessions précises de Monsieur X. Les éro-collectionneurs savent le jour où passe Monsieur X, ils se précipitent le lendemain pour racheter ses clichés au libraire. Depuis, Monsieur X est devenu une valeur identifiée de la photo érotique ancienne.
Il y a quatre, cinq ans, probablement après sa mort, un autre libraire a récupéré près de 5 000 contacts, qu’Alexandre Dupouy, de la galerie Les Larmes d’Eros, a identifiés comme ceux de Monsieur X. Celui-ci y apparaît, plutôt bel homme, aux côtés d’une fille nue dans une glace. Un autre homme est présent, un ami qui a tout du tenancier de bordel. Derrière les planches contact, quarante-neuf prénoms, à réciter comme un poème surréaliste: «Andrée, Angèle, Babette, Cécile, Charlotte, Christiane, Colette, Denise, Didich, Etiennette, Fanfan, Gaby»… jusqu’à «Yasmina, Yvonne et Zita». Sur ses tirages, Monsieur X a gratté le numéro de plaque minéralogique de sa voiture. Dupouy l’a retrouvé sur ses contacts, il aurait pu ainsi l’identifier mais il a préfèré respecter l’anonymat du bonhomme.
Sa galerie présente aujourd’hui près de trois cents clichés de Monsieur X, ainsi qu’une monographie. «Il tirait lui-même ses photos mais c’était un médiocre laborantin». L’obsession de Monsieur X, c’est le tableau de Courbet, l’Origine du monde. Monsieur X est fou du sexe de la femme, et des femmes qui, pour lui plaire, exhibent leur sexe devant son objectif (même si elles gardent leur chapeau cloche). Sa posture préférée: une ou deux femmes en exhibant une autre…
Ses modèles, à l’évidence, étaient pensionnaires dans une maison close. Sont-elles si heureuses ou est-ce le sourire de l’esclave dansant dans son champ de coton? Sur les photos, elles rigolent; c’est charmant, littéralement. A l’occasion, un regard se fait plus triste, comme une fissure dans ce bonheur louche. Parfois Monsieur X et son ami le tenancier présumé les emmènent à la campagne, ça vous prend des allures de Maison Tellier. Et en avant, jarretières en bataille dans la nature.
Monsieur X est aussi un amoureux de la photographie, à l’ère Brassai. Monsieur X soigne ses cadrages et laisse quelques nus académiques. Telle femme, les yeux fermés, un sein dévoilé, la camisole relevée sur son Origine du monde, le bas roulé juste en dessous du genou, s’inscrit d’emblée dans le plus bel imaginaire surréaliste. Une belle photo, c’est aussi la qualité, l’intensité de la relation entre le photographe et ses modèles. Les prostituées ont trop souvent été victimes d’artistes qui les tiraient comme au safari. L’obsédé Monsieur X reste un photographe de la proximité, un proche.
(Source du texte: liberation.fr/, mai 1996. Hélène Hazera)
Monsieur X. Nus et polissonneries 1930 Via mutualart
Surnommé « Le pirate » par ses proches, enrobé depuis son décès en mars 1999 d’un parfum sulfureux, Leo Dohmen est une figure légendaire du surréalisme en Belgique et du milieu artistique anversois de l’après guerre.
Ingénieur et chimiste le jour, tenancier de bar clandestin la nuit, colporteur d’ouvrages et d’œuvres du surréalisme belge à Paris, collagiste et photographe inculpé pour pornographie, marchand d’art puis galeriste, il y avait là assez d’ingrédients pour faire de Leo Dohmen un personnage de roman, de ceux que l’on croise dans les pages de Cendrars, de Monfreid, ou de Kessel, avec sa silhouette épaisse, rentrant au petit matin, un colt serré sous la veste.
Il semble que Leo Dohmen eut cent vie tant l’on se perd en sa chronologie qui le voit multiplier les activités, les voyages, les rencontres, se jouant du sommeil, des bons usages, croisant sur sa route les personnages les plus divers, des plus recommandables aux plus redoutables, figures incertaines d’une vie tendue vers toujours plus de liberté, toujours plus d’argent, celle-ci aidant à atteindre celle-là.
C’est pourtant le surréalisme qui trace la voie à ce jeune ingénieur de chez Gevaert à Anvers: le poète et mathématicien Gilbert Senecaut, ami de longue date de Marcel Mariën et collaborateur épisodique de la revue « Les lèvres nues » les présente l’un à l’autre en 1954. C’est le début d’une longue amitié, frappée d’estime réciproque, les deux hommes se complétant opportunément: Leo Dohmen devient l’homme de main, le messager, l’audacieux complice du timide et renfermé Marcel Mariën, lequel sert de mentor en politique, en littérature et en art à son jeune disciple qui dans le culot surpasse parfois le maître; on le verra en 1959 photographe de plateau dans « L’imitation du cinéma » de Marcel Mariën, mais aussi par des voies illégales – le détournement des gains d’un jeu publicitaires – » le producteur associé » de ce film qui connut censure et interdiction; on le verra encore complice du tract « Grande baisse » de Marcel Mariën ironisant en 1962 sur la réussite de René Magritte – il confectionne le photomontage du billet de banque – et sera pendant l’exil américain et la parenthèse maoïste le dépositaire de nombreuses archives et de bien des secrets.
C’est de l’époque de cette rencontre que datent ses premiers collages – parfois reproduits photographiquement en plusieurs exemplaires – qu’il délaissera naturellement pour le photomontage, puis la photographie où il privilégiera les idées-chocs, telle « L’ambitieuse » (1958) à la toison bien aimée, ou la sensuelle « L’ébéniste » (1955), au corps strié comme les veines du bois, sans pour autant délaissé les possibilités de la manipulation, tel le photomontage (La chute, 1956) ou la solarisation (Traité de sensations, 1955).
Dans sa pratique de la photographie, Leo Dohmen conserve la radicalité de l’expérience du collage et de son procédé: opposition brutes et violentes entre les éléments réunis, dédain du contexte et de l’esthétisme, goût pour les représentations de sexe féminin, de bouches entrouvertes, tout un art du scabreux qui en fait plutôt qu’un praticien de la photographie, un dynamiteur qui, pour citer son biographe Jan Ceuleers, « opère toujours avec le même objectif: miner un monde dans lequel la culture n’est pas la seule à être établie sur l’absence de liberté ».
Pas plus qu’il n’entendit révolutionner l’art du collage, Leo Dohmen n’entendit bouleverser celui de la photographie, se préoccupant peu des interrogations de Man Ray – un photographe qu’il appréciait te rencontra – quant au statut de celle-ci. Ses idées matérialisées en des techniques très diverses – il se remit à assembler vers 1986 – te la facilité déconcertante avce laquelle il délaissa la photographie après son inculpation pour pornographie montrent assez combien « Le Pirate » entendait privilégier la fin plutôt que les moyens, conscient depuis l’enfance que ce monde est doté d’un début, d’une fin, et que l’intervalle n’est décidemment pas très tentant si l’on ne l’organise pas soi-même plutôt que de le laisser aux curés, aux flics, aux directeurs de conscience.
Dans la grande famille des surréalistes ayant usé de la photographie, Leo Dohmen est assurément l’un de ceux que l’on pourrait -à l’égal de Marcel Mariën _ traiter de Judas tant les préoccupations et les usages liés au commun de cette technique lui furent étrangers. Il n’en laissa pas moins parmi les plus beaux blasons de la photographie surréaliste, quelques unes de ces icônes qui ont ajouté un peu de sens au monde.
Source du texte: Xavier Canonne (Directeur Musée de la Photographie de Charleroi)
Source des photos: leodohmen.com
« Animé d’une curiosité insatiable qui le poussa tout au long de sa vie à élargir la vision de son art, Auguste Rodin ne pouvait qu’être amené un jour à s’intéresser à la danse qui, de par sa nature même, s’offrait à lui comme un véritable écho de son propre travail de recherche sur l’expression corporelle et les possibilités plastiques du corps humain.
Mais contrairement à un artiste comme Degas son intérêt ne se porta pas vers les ballets qu’il trouvait « trop sautillants, trop brisés ». Il leur préféra des créations novatrices comme celles de Loïe Fuller ou Isadora Duncan dont l’idée était de renouer avec les sources antiques de la danse en redonnant toute sa liberté au corps. Vaslav Nijinsky, qu’il appréciait particulièrement, lui accorda également quelques séances de pose en remerciement de son soutien après la polémique engendrée par son dernier ballet l’Aprés Midi d’un Faune de Debussy. Et la correspondance intéressante qu’il entretenait avec beaucoup de danseurs ainsi que le certain nombre de spectacles et de démonstrations dont il fut l’organisateur dans les jardins de l’Hôtel Biron (aujourd’hui Musée Rodin) témoignent de la place importante que prit cet art dans sa vie.
Bien qu’il ait réalisé de nombreuses sculptures de Nijinsky ou encore de la danseuse japonaise Hanako qui fut l’un de ses modèles favoris, la danse ne s’exprima bien pour lui que dans le dessin et l’esquisse. Car Rodin qui n’a jamais abandonné le dessin (c’est lui qui en 1887 illustra l’édition originale des Fleurs du Mal de Beaudelaire) y attachait en fait une très grande importance,
« Par lui l’oeuvre prend la puissance des choses naturelles, sans dessin pas de vérité » disait-il.
Il ne faut donc pas s’étonner qu’il ait choisi ce support de prédilection pour traduire la danse dans tout ce qu’elle expose justement de vérité corporelle
Son goût particulier pour la danse exotique se révéla lors de l’exposition universelle de 1889 où il assista au spectacle d’une troupe javanaise et, pris d’enthousiasme, en réalisa sur le champ quelques esquisses. Et c’est l’exposition coloniale de Marseille, organisée en 1906 par Jules Charles Roux, président de la compagnie Générale Transatlantique et de l’Union Coloniale, qui lui fournit l’occasion de renouer avec cet engouement.
Entre le 15 Avril et le 18 Novembre 1906 se tint en effet à Marseille, porte de l’Orient, la toute première de ces manifestations. Nous sommes en pleine apogée de la France coloniale, et celle ci contrôle le Cambodge depuis 1884. A cette occasion le roi Sisowath Ier qui venait d’être couronné fut reçu solennellement par la France, accompagné par le Ballet Royal, 42 danseuses qui avaient fait le déplacement depuis Phnom Penh.
Lorsqu’il rencontre la troupe pour la première fois lors de son passage à Paris pour la représentation exceptionnelle au théâtre du Pré Catelan, Rodin enthousiasmé par la pureté et la grâce des expressions, eut un véritable coup de foudre pour l’esthétique de cet art que représente la danse classique khmère.
« Je les ai contemplées en extase. Quel vide quand elles partirent, je fus dans l’ombre et le froid, je crus qu’elles emportaient la beauté du monde » dira-t-il plus tard.
Subjugué, l’artiste demanda alors de rejoindre les interprètes dans l’hôtel particulier où elles résident afin de saisir quelques poses et entama immédiatement une première série de dessins …
Mais les danseuses étaient attendues et doivent regagner Marseille… Alors sans plus réfléchir Rodin quitte tout pour les suivre… Il semblerait même qu’il soit parti si précipitamment qu’il ait oublié son matériel à dessin et dut demander à un épicier du papier d’emballage pour pouvoir fixer ses impressions…
« Elles ont fait vivre pour moi l’Antique… Elles m’ont fourni des raisons nouvelles de penser que la nature est une source intarissable à qui s’y abreuve… Je suis un homme qui a donné toute sa vie à l’étude de la nature et dont les admirations constantes furent pour les oeuvres de l’Antique: Imaginez donc ce que put produire en moi un spectacle aussi complet qui me restituait l’Antique en me dévoilant du mystère… Ces danseuses khmères nous ont donné tout ce que l’Antique peut contenir car il est impossible de porter l’art divin aussi haut ».
Rodin retrouvait ici la pureté et l’universelle beauté qu’il avait découverte dans l’étude des Grecs et fut saisi et captivé par la spiritualité de cet art millénaire où les Apsaras, danseuses célestes, sont les messagères des rois auprès des dieux et des ancêtres.
En une semaine il exécuta environ 150 dessins, retranscrivant ou interprétant les poses du ballet avec une fascination évidente pour les bras et les mains, dessins qu’il aquarella par la suite dans des harmonies d’un rare raffinement.
Très attaché à la série des danseuses cambodgiennes, l’artiste ne vendit que très peu de ses œuvres, en donna quelques unes, et surtout en exposa beaucoup, preuve de son attachement au travail graphique et à la pure beauté que celui-ci révèle,
« C’est la peinture, la sculpture, la musique tout entières qui s’animent »…
Quelle plus belle définition pouvait donner de la danse celui qui par trois fois échoua au concours d’entrée des Beaux Arts car son travail ne correspondait pas aux conventions académiques et qui, précisément grâce à ce style impossible à inscrire dans un courant défini, atteint de son vivant la consécration internationale… »
BIOGRAPHIE (source: transatlantica.revues.org)
Née en 1907 à Poughkeepsie dans l’état de New York, Lee Miller est considérée dès son enfance comme un objet à photographier. Sa beauté fascine et inspire son père, Theodore Miller, qui en fait son sujet privilégié. Elle pose, souvent nue, tissant ainsi par l’intermédiaire de l’appareil photographique une relation ambiguë avec son père. Sa sensualité brute est immortalisée par les plus grands photographes (Edward Steichen, Arnold Genthe et George Hoyningen-Huene) et elle devient le mannequin idéal de l’Amérique de la mode des années 20.
Lee Miller. Nude study, 1 july 1928 by her father Theodore Miller, Kingwood Park, Poughkeepsie, New York.
Via theredlist
Edward Steichen. Lee Miller modeling Marie-Christiane hat and dress and jewelry by Black, Starr and Frost 1999
Via Mutualart
Arnold Genthe. Lee Miller 1927
Via vam.ac.uk
Elle quitte les Etats-Unis en 1929 pour rejoindre Paris où elle rencontre Man Ray. Séduit par ses traits parfaits, il en fait son amante, son modèle, son assistante, son égérie — un objet de fantasme destiné à nourrir ses créations. Mais le contact avec le Paris surréaliste de l’époque va permettre à cette femme en apparence asservie à son image et aux désirs de ses mentors de se métamorphoser en femme libérée. Cette émancipation passe par les premiers regards qu’elle jette dans l’objectif. Sous l’influence du surréalisme, elle explore la solarisation avec Man Ray et continue à poser tout en s’initiant aux techniques du médium : elle occupe alors les deux côtés de l’objectif. Incarnant la « beauté convulsive » chère à André Breton, elle prend part à la déconstruction de l’image lisse d’elle-même immortalisée dans Vogue en se prêtant au jeu du démembrement dans Le Sang d’un Poète. Elle y incarne tour à tour une bouche, une sculpture et le destin qui s’adonne à une partie de cartes. La déconstruction de son image reflète la lassitude de Lee Miller face au rôle de poupée sculpturale qu’on lui a trop longtemps imposé. Elle affirme alors : « J’étais très belle. Je ressemblais à un ange mais, à l’intérieur, j’étais un démon ».En quittant Paris et Man Ray en 1932 pour retourner à New York, la jeune créature décide de prendre en main son existence et de devenir sa propre création. La créature va finir par dépasser ses créateurs.
La traversée de l’Atlantique est une métaphore de sa traversée du miroir : Lee Miller décide de percer la surface de sa propre image. A Paris, elle incarnait déjà l’ambiguïté, entre féminité et masculinité, non seulement icône de la sensualité, mais répondant aussi à un prénom d’homme et arborant une coupe à la garçonne. Comme un pied de nez aux canons de la féminité, elle n’hésitait pas à poser en grossière salopette de toile aux côtés de Picasso, comme le montre une des photographies exposées. Mais son émancipation réelle ne se concrétise que par son passage derrière l’objectif. Eloignée de son mentor surréaliste, elle énonce à New York son nouveau mode de vie : « je préfère prendre une photo qu’en être une », explique-t-elle à un journaliste américain.
En partenariat avec son frère Erik, elle fonde le studio Lee Miller à New York et répond aux demandes de clients tels que Vogue, des créateurs de mode ou des agences publicitaires. Sa pratique — volontiers espiègle voire décalée — de la photographie commerciale se double d’une quête identitaire. Elle fait partie de l’avant-garde des nouveaux photographes de talent et atteint une certaine renommée grâce à Julien Levy qui organise en janvier 1933 dans sa galerie la première exposition personnelle de Lee Miller.
Le médium photographique lui permet de donner corps à ses propres désirs en auscultant ce corps justement dont elle n’a pas eu la maîtrise jusque-là. Reprenant la thématique du démembrement du film de Cocteau, elle se déconstruit et se met en scène dans une démarche purement réflexive (‘Lee Miller par Lee Miller’). Cette ré-appropriation d’elle-même se traduit par des compositions surréalistes fidèles aux canons de la « beauté convulsive » hérités d’André Breton et de Man Ray. Ces images souvent érotiques (‘Nu penché en avant’), ou surprenantes (‘La Main qui explose’), voire violentes (Sein après ablation) sont autant de projections de ses états d’âme et de son goût pour la transgression. Après avoir été une inspiration pour de nombreux surréalistes, elle se montre elle-même inspirée dans une pratique cubiste du médium.
Sa quête d’identité et d’un nouvel espace de liberté se concrétise par des évasions multiples : elle a besoin de s’extraire d’elle-même pour mieux se retrouver et se ré-apprivoiser. Elle arpente le monde de ville en ville et s’évade d’homme en homme. Elle qui a vu trop longtemps son image maîtrisée par les photographes devient maîtresse dans tous les sens du terme — amante, elle acquiert la maîtrise de l’outil photographique et par là même de son corps et de son existence. La femme objet devient une femme sujet.
Les années 1930 sont marquées par de nombreux voyages qu’elle immortalise grâce à la photographie. En 1934, elle épouse à New York le riche fonctionnaire égyptien Aziz Eloui Bey et le suit au Caire. Sa pratique de la photographie se fait alors plus réaliste : elle enregistre différents aspects de la vie quotidienne dans ce pays et se lance dans la photographie de paysage. Néanmoins son regard onirique reste présent comme l’illustre son ‘Portrait de l’Espace’ réalisé en 1937. D’une photographie centrée sur elle-même, elle passe progressivement à une photographie ouverte sur le monde. L’autre et l’ailleurs deviennent de nouveaux champs d’exploration pour compléter sa quête identitaire.
Mais, en 1937, Lee Miller succombe à l’ennui et une nouvelle fuite en avant la pousse à revenir à Paris où elle rencontre le peintre surréaliste Roland Penrose. En juin 1939, elle quitte définitivement son mari et l’Egypte et rejoint Penrose à Londres.
La seconde guerre mondiale marque un tournant dans la carrière et dans la vie de Lee Miller. A Londres, elle obtient en 1942 son accréditation de l’US Army et est engagée en 1944 par Brogue, l’édition britannique de Vogue, comme correspondante de guerre. Cet engagement marque un véritable aboutissement pour Lee Miller sur le plan aussi bien artistique, que professionnel et personnel. Seule femme photo-reporter présente dans les zones de combats, elle se retrouve confrontée à des atro