Man Ray. Nush Eluard 1935. Accompagné du poème « Tu te lèves » tiré du livre de Paul Eluard « Facile »
Via fine arts museum of San Francisco
« Tu te lèves l’eau se déplie
Tu te couches l’eau s’épanouit
Tu es l’eau détournée de ses abîmes
Tu es la terre qui prend racine
Et sur laquelle tout s’établit
Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits
Tu chantes des hymnes nocturnes sur les cordes de l’arc-en-ciel,
Tu es partout tu abolis toutes les routes
Tu sacrifies le temps
À l’éternelle jeunesse de la flamme exacte
Qui voile la nature en la reproduisant
Femme tu mets au monde un corps toujours pareil
Le tien
Man Ray. Nusch Eluard 1935. Accompagné du poème « Facile est bien» tiré du livre de Paul Eluard « Facile » Via fine arts museum of San Francisco
« Facile est beau sous tes paupières Comme l’assemblée du plaisir Danse et la suite
J’ai dit la fièvre
Le meilleur argument du feu Que tu sois pâle et lumineuse
Mille attitudes profitables Mille étreintes défaites Répétées vont s’effaçant Tu t’obscurcis tu te dévoiles Un masque tu l’apprivoises Il te ressemble vivement Et tu n’en parais que mieux nue
Nue dans l’ombre et nue éblouie Comme un ciel frissonnant d’éclairs Tu te livres à toi-même Pour te livrer aux autres. »
Man Ray. Nusch Eluard 1935. Accompagné du poème « Facile est bien» tiré du livre de Paul Eluard « Facile »
Via fine arts museum of San Francisco
« Facile est beau sous tes paupières
Comme l’assemblée du plaisir
Danse et la suite
J’ai dit la fièvre
Le meilleur argument du feu
Que tu sois pâle et lumineuse
Mille attitudes profitables
Mille étreintes défaites
Répétées vont s’effaçant
Tu t’obscurcis tu te dévoiles
Un masque tu l’apprivoises
Il te ressemble vivement
Et tu n’en parais que mieux nue
Nue dans l’ombre et nue éblouie
Comme un ciel frissonnant d’éclairs
Tu te livres à toi-même
Pour te livrer aux autres. »
Man Ray. Nusch Eluard 1935. Accompagné du poème « Facile est bien» tiré du livre de Paul Eluard « Facile » Via fine arts museum of San Francisco
« Facile est beau sous tes paupières Comme l’assemblée du plaisir Danse et la suite
J’ai dit la fièvre
Le meilleur argument du feu Que tu sois pâle et lumineuse
Mille attitudes profitables Mille étreintes défaites Répétées vont s’effaçant Tu t’obscurcis tu te dévoiles Un masque tu l’apprivoises Il te ressemble vivement Et tu n’en parais que mieux nue
Nue dans l’ombre et nue éblouie Comme un ciel frissonnant d’éclairs Tu te livres à toi-même Pour te livrer aux autres. »
Man Ray. Nusch Eluard 1935. Accompagné du poème « A la fin de l’année» tiré du livre de Paul Eluard « Facile »
Via fine arts museum of San Francisco
« Nous avançons toujours
Un fleuve plus épais qu’une grasse prairie
Nous vivons d’un seul jet
Nous sommes du bon port
Le bois qui va sur l’eau l’arbre qui file droit
Tout marché de raison bâclé conclu s’oublie
Où nous arrêterons-nous
Notre poids immobile creuse notre chemin
Au loin les fleurs fanées des vacances d’autrui
Un rien de paysage suffisant
Les prisons de la liberté s’effacent
Nous avons à jamais
Laissé derrière nous l’espoir qui se consume
Dans une ville pétrie de chair et de misère
De tyrannie
La paupière du soleil s’abaisse sur ton visage
Un rideau doux comme ta peau
Une aile salubre une végétation
Plus transparente que la lune du matin
Nos baisers et nos mains au niveau de nous-mêmes
Tout au-delà ruiné
La jeunesse en amande se dénude et rêve
L’herbe se relève en sourdine
Sur d’innocentes nappes de petite terre
Premier dernière ardoise et craie
Fer et rouille seul à seule
Enlacés au rayon debout
Qui va comme un aveu Écorce et source redressée
L’un à l’autre dans le présent
Toute brume chassée
Deux autour de leur ardeur
Joints par des lieues et des années
Notre ombre n’éteint pas le feu
Nous nous perpétuons.
Au-dessous des sommets
Nos yeux ferment les fenêtres
Nous ne craignons pas la paix de l’hiver
Les quatre murs éteints par notre intimité
Quatre murs sur la terre
Le plancher le plafond
Sont des cibles faciles et rompues
A ton image alerte que j’ai dispersée
Et qui m’est toujours revenue
Un monotone abri
Un décor de partout
Mais c’est ici qu’en ce moment
Commencent et finissent nos voyages
Les meilleures folies
C’est ici que nous défendons notre vie
Que nous cherchons le monde
Un pic écervelé aux nuages fuyants au sourire éternel
Dans leurs cages les lacs au fond des trous la pluie
Le vent sa longue langue et les anneaux de la fraîcheur
La verdure et la chair des femmes au printemps
La plus belle est un baume elle incline au repos
Dans des jardins tout neufs amortis d’ombres tendres
Leur mère est une feuille
Luisante et nue comme un linge mouillé
Les plaines et les toits de neige et les tropiques luxueux
Les façons d’être du ciel changeant
Au fil des chevelures
Et toujours un seul couple uni par un seul vêtement
Man Ray. Nusch Eluard 1935. Accompagné du poème « A la fin de l’année» tiré du livre de Paul Eluard « Facile »
Via fine arts museum of San Francisco
« Nous avançons toujours
Un fleuve plus épais qu’une grasse prairie
Nous vivons d’un seul jet
Nous sommes du bon port
Le bois qui va sur l’eau l’arbre qui file droit
Tout marché de raison bâclé conclu s’oublie
Où nous arrêterons-nous
Notre poids immobile creuse notre chemin
Au loin les fleurs fanées des vacances d’autrui
Un rien de paysage suffisant
Les prisons de la liberté s’effacent
Nous avons à jamais
Laissé derrière nous l’espoir qui se consume
Dans une ville pétrie de chair et de misère
De tyrannie
La paupière du soleil s’abaisse sur ton visage
Un rideau doux comme ta peau
Une aile salubre une végétation
Plus transparente que la lune du matin
Nos baisers et nos mains au niveau de nous-mêmes
Tout au-delà ruiné
La jeunesse en amande se dénude et rêve
L’herbe se relève en sourdine
Sur d’innocentes nappes de petite terre
Premier dernière ardoise et craie
Fer et rouille seul à seule
Enlacés au rayon debout
Qui va comme un aveu Écorce et source redressée
L’un à l’autre dans le présent
Toute brume chassée
Deux autour de leur ardeur
Joints par des lieues et des années
Notre ombre n’éteint pas le feu
Nous nous perpétuons.
Au-dessous des sommets
Nos yeux ferment les fenêtres
Nous ne craignons pas la paix de l’hiver
Les quatre murs éteints par notre intimité
Quatre murs sur la terre
Le plancher le plafond
Sont des cibles faciles et rompues
A ton image alerte que j’ai dispersée
Et qui m’est toujours revenue
Un monotone abri
Un décor de partout
Mais c’est ici qu’en ce moment
Commencent et finissent nos voyages
Les meilleures folies
C’est ici que nous défendons notre vie
Que nous cherchons le monde
Un pic écervelé aux nuages fuyants au sourire éternel
Dans leurs cages les lacs au fond des trous la pluie
Le vent sa longue langue et les anneaux de la fraîcheur
La verdure et la chair des femmes au printemps
La plus belle est un baume elle incline au repos
Dans des jardins tout neufs amortis d’ombres tendres
Leur mère est une feuille
Luisante et nue comme un linge mouillé
Les plaines et les toits de neige et les tropiques luxueux
Les façons d’être du ciel changeant
Au fil des chevelures
Et toujours un seul couple uni par un seul vêtement
Man Ray. Nush Eluard 1935. Accompagné du poème « A la fin de l’année» tiré du livre de Paul Eluard « Facile »
Via fine arts museum of San Francisco
« Nous avançons toujours
Un fleuve plus épais qu’une grasse prairie
Nous vivons d’un seul jet
Nous sommes du bon port
Le bois qui va sur l’eau l’arbre qui file droit
Tout marché de raison bâclé conclu s’oublie
Où nous arrêterons-nous
Notre poids immobile creuse notre chemin
Au loin les fleurs fanées des vacances d’autrui
Un rien de paysage suffisant
Les prisons de la liberté s’effacent
Nous avons à jamais
Laissé derrière nous l’espoir qui se consume
Dans une ville pétrie de chair et de misère
De tyrannie
La paupière du soleil s’abaisse sur ton visage
Un rideau doux comme ta peau
Une aile salubre une végétation
Plus transparente que la lune du matin
Nos baisers et nos mains au niveau de nous-mêmes
Tout au-delà ruiné
La jeunesse en amande se dénude et rêve
L’herbe se relève en sourdine
Sur d’innocentes nappes de petite terre
Premier dernière ardoise et craie
Fer et rouille seul à seule
Enlacés au rayon debout
Qui va comme un aveu Écorce et source redressée
L’un à l’autre dans le présent
Toute brume chassée
Deux autour de leur ardeur
Joints par des lieues et des années
Notre ombre n’éteint pas le feu
Nous nous perpétuons.
Au-dessous des sommets
Nos yeux ferment les fenêtres
Nous ne craignons pas la paix de l’hiver
Les quatre murs éteints par notre intimité
Quatre murs sur la terre
Le plancher le plafond
Sont des cibles faciles et rompues
A ton image alerte que j’ai dispersée
Et qui m’est toujours revenue
Un monotone abri
Un décor de partout
Mais c’est ici qu’en ce moment
Commencent et finissent nos voyages
Les meilleures folies
C’est ici que nous défendons notre vie
Que nous cherchons le monde
Un pic écervelé aux nuages fuyants au sourire éternel
Dans leurs cages les lacs au fond des trous la pluie
Le vent sa longue langue et les anneaux de la fraîcheur
La verdure et la chair des femmes au printemps
La plus belle est un baume elle incline au repos
Dans des jardins tout neufs amortis d’ombres tendres
Leur mère est une feuille
Luisante et nue comme un linge mouillé
Les plaines et les toits de neige et les tropiques luxueux
Les façons d’être du ciel changeant
Au fil des chevelures
Et toujours un seul couple uni par un seul vêtement
Man Ray. Nusch Eluard 1935. Accompagné du poème « L’entente » tiré du livre de Paul Eluard « Facile »
Via fine arts museum of San Francisco
« Au centre de la ville la tête prise dans le vide d’une place
Ne sachant pas ce qui t’arrête ô toi plus forte qu’une statue
Tu donnes à la solitude un premier gage
Mais c’est pour mieux la renier
T’es-tu déjà prise par la main
As-tu déjà touché tes mains
Elles sont petites et douces
Ce sont les mains de toutes les femmes
Et les mains des hommes leur vont comme un gant
Les mains touchent aux mêmes choses
Écoute-toi parler tu parles pour les autres
Et si tu te réponds ce sont les autres qui t’entendent
Sous le soleil au haut du ciel qui te délivre de ton ombre
Tu prends la place de chacun et ta réalité est infinie
Multiple tes yeux divers et confondus
Font fleurir les miroirs
Les couvrent de rosée de givre de pollen
Les miroirs spontanés où les aubes voyagent
Où les horizons s’associent
Le creux de ton corps cueille des avalanches
Car tu bois au soleil
Tu dissous le rythme majeur
Tu le redonnes au monde
Tu enveloppes l’homme
Toujours en train de rire
Mon petit feu charnel
Toujours prête à chanter
Ma double lèvre en flamme
Sur cette place absurde tu n’es pas plus seule
Qu’une feuille dans un arbre qu’un oiseau dans les airs
Qu’un trésor délivré. »
Man Ray. Nusch Eluard 1935. Accompagné du poème « L’entente » tiré du livre de Paul Eluard « Facile »
Via fine arts museum of San Francisco
« Au centre de la ville la tête prise dans le vide d’une place
Ne sachant pas ce qui t’arrête ô toi plus forte qu’une statue
Tu donnes à la solitude un premier gage
Mais c’est pour mieux la renier
T’es-tu déjà prise par la main
As-tu déjà touché tes mains
Elles sont petites et douces
Ce sont les mains de toutes les femmes
Et les mains des hommes leur vont comme un gant
Les mains touchent aux mêmes choses
Écoute-toi parler tu parles pour les autres
Et si tu te réponds ce sont les autres qui t’entendent
Sous le soleil au haut du ciel qui te délivre de ton ombre
Tu prends la place de chacun et ta réalité est infinie
Multiple tes yeux divers et confondus
Font fleurir les miroirs
Les couvrent de rosée de givre de pollen
Les miroirs spontanés où les aubes voyagent
Où les horizons s’associent
Le creux de ton corps cueille des avalanches
Car tu bois au soleil
Tu dissous le rythme majeur
Tu le redonnes au monde
Tu enveloppes l’homme
Toujours en train de rire
Mon petit feu charnel
Toujours prête à chanter
Ma double lèvre en flamme
Sur cette place absurde tu n’es pas plus seule
Qu’une feuille dans un arbre qu’un oiseau dans les airs
Qu’un trésor délivré. »
Man Ray. Nusch Eluard 1935. Accompagné du poème « L’entente » tiré du livre de Paul Eluard « Facile »
Via fine arts museum of San Francisco
« Au centre de la ville la tête prise dans le vide d’une place
Ne sachant pas ce qui t’arrête ô toi plus forte qu’une statue
Tu donnes à la solitude un premier gage
Mais c’est pour mieux la renier
T’es-tu déjà prise par la main
As-tu déjà touché tes mains
Elles sont petites et douces
Ce sont les mains de toutes les femmes
Et les mains des hommes leur vont comme un gant
Les mains touchent aux mêmes choses
Écoute-toi parler tu parles pour les autres
Et si tu te réponds ce sont les autres qui t’entendent
Sous le soleil au haut du ciel qui te délivre de ton ombre
Tu prends la place de chacun et ta réalité est infinie
Multiple tes yeux divers et confondus
Font fleurir les miroirs
Les couvrent de rosée de givre de pollen
Les miroirs spontanés où les aubes voyagent
Où les horizons s’associent
Le creux de ton corps cueille des avalanches
Car tu bois au soleil
Tu dissous le rythme majeur
Tu le redonnes au monde
Tu enveloppes l’homme
Toujours en train de rire
Mon petit feu charnel
Toujours prête à chanter
Ma double lèvre en flamme
Sur cette place absurde tu n’es pas plus seule
Qu’une feuille dans un arbre qu’un oiseau dans les airs
Qu’un trésor délivré. »
Man Ray. Nusch Eluard 1935. Accompagné du poème « L’entente » tiré du livre de Paul Eluard « Facile »
Via fine arts museum of San Francisco
« Au centre de la ville la tête prise dans le vide d’une place
Ne sachant pas ce qui t’arrête ô toi plus forte qu’une statue
Tu donnes à la solitude un premier gage
Mais c’est pour mieux la renier
T’es-tu déjà prise par la main
As-tu déjà touché tes mains
Elles sont petites et douces
Ce sont les mains de toutes les femmes
Et les mains des hommes leur vont comme un gant
Les mains touchent aux mêmes choses
Écoute-toi parler tu parles pour les autres
Et si tu te réponds ce sont les autres qui t’entendent
Sous le soleil au haut du ciel qui te délivre de ton ombre
Tu prends la place de chacun et ta réalité est infinie
Multiple tes yeux divers et confondus
Font fleurir les miroirs
Les couvrent de rosée de givre de pollen
Les miroirs spontanés où les aubes voyagent
Où les horizons s’associent
Le creux de ton corps cueille des avalanches
Car tu bois au soleil
Tu dissous le rythme majeur
Tu le redonnes au monde
Tu enveloppes l’homme
Toujours en train de rire
Mon petit feu charnel
Toujours prête à chanter
Ma double lèvre en flamme
Sur cette place absurde tu n’es pas plus seule
Qu’une feuille dans un arbre qu’un oiseau dans les airs
Qu’un trésor délivré. »
Kiki fut épargnée, sauvée grâce à son intelligence, son esprit et à sa débrouillardise. Elle sut trouver protection et sécurité au sein de la communauté artistique de Montparnasse vers laquelle la portait une attirance naturelle.
Les artistes ont marqué de leur empreinte la vie de Montparnasse. Les impératifs de liberté et d’expérimentation s’imposaient dans tous les domaines. Ceux qui choisissaient d’y vivre étaient libres de se réaliser, tant sur le plan artistique que sur le plan politique et sexuel. Au sein de cette aristocratie de l’individuel, Kiki devint l’individu suprême, une femme appréciée et aimée. Par la seule force de sa personnalité, elle réussit à s’extraire de la couche la plus basse de la société, à s’enfuir de la misère, pour devenir l’une des figures les plus en vue du milieu artistique de l’entre deux guerre. Très vite les rencontres se font de plus en plus nombreuses. Elle connut Utrillo, Modigliani, Picasso, puis Kisling et Thérèse Treize qui devint sa meilleure amie. Pour Kiki, « c’est le talent de tous ses amis qui a fait Montparnasse ».
La créativité naturelle de Kiki trouva dans l’ambiance permissive de Montparnasse dans le cadre propice à son épanouissement. Jolie fille, elle soulignait déjà son attirance pour les hommes à l’âge de treize ans : « je suis tout de même déjà coquette avec les hommes ! C’est vraiment de la prétention de penser que ma gueule à couper le vent attire leurs regards ! ». Drôle et intelligente, elle posa comme modèle pour de très nombreux artistes : Kisling, Foujita, Per Krohg, Alexander Calder, Soutine, Van Dongen, Bob Lodewick, Maurice Mendjinsky avec qui elle vécut quatre ans.
Un court métrage d’animation « Kiki et les Montparnos » réalisé par Amélie Harrault et librement inspiré du livre « Souvenirs » de Kiki de Montparnasse à regarder ici ( Faire un copier/coller du lien dans votre navigateur )
Kiki. Une prostituée et des marins devant un meublé 1929. Peinture
(Scan personnel du livre “Souvenirs”)
« …Un soir, je vais retrouver des matelots amis dans un bar anglais où nous n’allons jamais. J’avais à peine ouvert la porte que le patron me crie: » Pas de putain ici! ». Je me précipite sur lui et lui lance une pile de soucoupe sur la figure. Mes copains entament la bagarre, mais la police du bateau arrive!… »
Kiki de Montparnasse ou Kiki, née Alice Ernestine Prin le 2 octobre1901 à Châtillon-sur-Seine1 (Côte-d’Or) et morte le 23 mars1953 à Paris, surnommée « la Reine de Montparnasse », fut modèle, muse et amante d’artistes célèbres, mais également chanteuse, danseuse, gérante de cabaret, peintre et actrice de cinéma et anima le quartier du Montparnasse durant l’entre-deux-guerres (1921-1939)
Enfant illégitime, la jeune Alice est élevée par sa grand-mère dans une grande pauvreté. À l’âge de douze ans, elle quitte Châtillon pour rejoindre sa mère, Marie Prin, linotypiste à Paris2. À treize ans, elle la retire de l’école pour la faire travailler comme apprentie.
Alice est successivement brocheuse, fleuriste, laveuse de bouteilles chez Félix Potin et visseuse d’ailes d’avion3. En 1917, elle est bonne à tout faire chez une boulangère, place Saint-Georges (Paris 9e). Se révoltant contre les mauvais traitements qu’elle subit, elle est renvoyée. Pour gagner de quoi vivre, elle pose nue chez un sculpteur. Cela cause une violente dispute avec sa mère qui l’expulse de chez elle malgré l’hiver. Elle est recueillie par le peintre Chaïm Soutine. Elle fréquente la brasserie La Rotonde mais au bar seulement. Pour avoir le droit de s’asseoir dans la salle, une femme doit porter un chapeau3. En 1918, elle se met en ménage avec un peintre juif polonais de 9 ans son aîné, Maurice Mendjizki.
Elle pose pour les peintres Amedeo Modigliani et Tsugouharu Foujita dont le Nu couché à la toile de Jouy sera l’événement du Salon d’automne de 1922. Elle adopte la coiffure au bol, les yeux abondamment soulignés de khôl, les lèvres peintes de rouge vif et le pseudonyme Kiki3.
Elle commence également à dessiner des portraits pour les soldats britanniques et américains qui fréquentent la Rotonde.
Kki peignant, Paris 1926
En 1929, Kiki devient la maîtresse du journaliste Henri Broca. Ce dernier fonde le magazine Paris-Montparnasse dans lequel paraissent les premiers chapitres du livre de souvenirs que Kiki s’apprête à publier. Malgré l’engagement du journaliste américain Edward William Titus, époux d’Helena Rubinstein, les autorités douanières refusent l’introduction du livre aux États-Unis pour cause de propos jugés « scabreux ».
Kiki est élue « Reine de Montparnasse »3. Cependant sa mère, puis Henri Broca sombrent dans la folie. Pour parer aux frais médicaux, elle fait le tour des boîtes de nuits où elle chante et danse. Elle se rend aux studios de la Paramount Pictures (Kaufman Astoria Studios) de New York, mais sans résultat.
Buvant trop et se nourrissant mal, à 33 ans, Kiki pèse 80 kg. Cela ne l’empêche pas de poser pour le peintre Per Grogh qui, trouvant sa « croupe très belle », pense « à un trois-mâts toutes voiles dehors ».
En 1936, Kiki ouvre son propre cabaret L’Oasis qui deviendra Chez Kiki. André Laroque, pianiste et accordéoniste de ce cabaret, agent des contributions indirectes le jour, devient son nouvel amant. Il aide Kiki à se déprendre de la drogue et tape à la machine ses souvenirs qui dormiront 65 ans avant d’être publiés3.
2- Les dessins de Kiki(source: scans personnels du livre « Souvenirs » de Kiki)
Préfacé par Hemingway, censuré aux États-Unis en même temps que l’Ulysse de Joyce et publié une première fois en 1929, le manuscrit de ces Souvenirs remanié en 1938 avait disparu dans les années 50 avec son auteur. Il est réapparu récemment, étiqueté de la mention « infiniment précieux ».
Kiki. Idylle aux champs 1925
Kiki. Dimanche 1924
Kiki. L’école 1929
« …je n’ai pas beaucoup été à l’école parce que la maîtresse d’école était très méchante: elle n »aimait pas les pauvres. Elle nous traitait de pouilleuses, ce qui me vexait, étant donné que c’était la vérité. La plus grande punition qu’elle avait trouvée pour moi, c’était de me mettre dans un coin… »
Kiki. Les lavandières
Kiki. La petite Alice et le petit Henri 1929
« …j’avais un petit compagnon qui avait 8 ans et qui s’appelait Henri et avait de grands cheveux noirs bouclés….ce qui fait que je l’admirais, car moi j’avais toujours la tête rasée… »
Kiki. La bonne sœur Cornette. 1929
« …comme nous étions très pauvres, nous allions deux fois par semaine chez les Bonnes Sœurs Cornettes….C’était un vrai supplice…chaque fois que je tendais ma gamelle, j’apercevais deux yeux durs qui me détaillaient; des reproches me tombaient dessus: Ah! vous voilà la Prin! Est-ce que votre mère qui est à Paris ne peut pas vous nourrir ?… »
Kiki. Le clocher 1926
Kiki. En route pour Paris 1929
» …J’ai douze ans…on me confie à un chef de gare qui me fourre en première classe, en me recommandant à une dame qui me regarde avec hauteur…J’ai accroché en bandoulière un sac en toile avec mon nom brodé au fil rouge, de peur de me perdre…Pour faire de l’héroïsme, je sors de mon petit sac en toile un gros morceau de saucisson à l’ail et une petite bouteille de vin rouge… »
Kiki. Premier amour 1930
« …Le mien s’appelle Dédé…il doit avoir dans les dix-neuf ans. Il a la côte avec moi parce qu’il vit avec une femme. C’est elle qui trime, je suppose, lui ne fait rien…Au cinéma il ne laisse jamais ma bouche tranquille… »
Kiki. Lors d’une séance de pose 1929
« …Je pose aussi pour Foujita. Ce qui l’épatait chez moi, c’était mon sexe imberbe. Il venait fréquemment mettre son nez dessus pour voir si les…cheveux ne poussaient pas pendant la pose! il disait… »C’est igolo…pas poils! Pourquoi toi pieds sales? ». J’avais la manie de marcher pieds nus et il avait oublié de mettre des tapis… »
Kiki. scène de rue à New-york 1923
« …Je suis restée à New-York seulement trois mois…J’ai failli faire du cinéma pour Paramount. je suis allée faire un essai et avant d’entrer au studio, j’ai voulu me donner un coup de peigne. Quand je me suis aperçue que je l’avais oublié, j’ai pris une grosse colère et j’ai rebroussé chemin. tout ça pour un peigne!… »
Kiki. Le bar à Villefranche 1929
« …Il y a des marins américains…Je prends un petit air distant: j’ai un peu peur de ces grands gaillards…Nous commençons à danser vers cinq heures le soir, et nous finissons vers trois heures du matin… »
Kiki. Une prostituée et des marins devant un meublé 1929. Peinture
« …Un soir, je vais retrouver des matelots amis dans un bar anglais où nous n’allons jamais. J’avais à peine ouvert la porte que le patron me crie: » Pas de putain ici! ». Je me précipite sur lui et lui lance une pile de soucoupe sur la figure. Mes copains entament la bagarre, mais la police du bateau arrive!… »
Kiki. En correctionnelle 1929
« …Juger! Qui a le droit de juger?…Enfin mon avocat a plaidé. Il a dit que j’étais timbrée. Il a montré des certificats de maladie nerveuse. Le plus dur a été quand mon avocat m’a fait: » Dites merci à ces Messieurs! »…Et me voici libre… »
Kiki. Jean Cocteau
« …La première fois que j’ai vu Jean Cocteau c’était chez Man Ray où il était venu se faire faire sa photo. Il avait des gants en laine, rouge, blanc et noir. J’ai d’abord pensé qu’il était venu faire photographier ses gants!… »
Kiki. Femme à sa coiffure 1926
Kiki. La Funambule 1927
Kiki. Nus champêtres 1925
Man Ray. Reproduction d’une peinture de Kiki de Montparnasse 1925